Edouard et Amandine Alem, Crea Marketing France
Edouard Alem a 21 ans quand, patron débutant d’une boutique de téléphonie, il embauche Amandine Moyson pour trois semaines de stage. 13 ans, deux enfants et un mariage plus tard, le couple dirige trois entreprises: il est aujourd’hui un acteur actif dans la région pour l’organisation de salons commerciaux.
« Tout a démarré d’une opportunité… » Assis dans sa maison à Ortaffa, Edouard Alem sourit en se remémorant ses débuts.
À l’âge de 21 ans, alors qu’il vend des meubles dans un magasin, un camarade de BTS lui propose de reprendre une affaire endettée. Pour un euro symbolique, voici le jeune Edouard associé, à la tête d’une boutique qui revend des forfaits téléphoniques à Argelès. « J’apprends tout sur le terrain », se remémore ce fils d’enseignants dans un grand éclat de rire.
Le patron novice embauche une Argelésienne de 18 ans pour trois semaines de stage. Une certaine Amandine Moyson, qui après des études de coiffure s’est réorientée dans un CAP vente. C’est le début d’une belle histoire: la leur. Un duo complémentaire dans la vie comme dans les affaires.
La boîte de téléphonie ne fera pas long feu. Un an après sa reprise, elle est placée en liquidation judiciaire: l’arrivée de l’Iphone sur le marché alors qu’elle ne peut pas le distribuer lui est fatale. Mais l’enthousiasme d'Edouard pour l’entreprenariat reste intact: il s’associe de nouveau avec deux amis pour monter une boîte de communication, LGA Marketing. Amandine ouvre de son côté « Amazone », une boutique de vêtements dans sa ville natale, dans la lignée de sa famille commerçante. Tous les deux s’inspirent et s'épaulent dans leur affaires respectives.
C’est le temps des idées qui fusent tout en jouant à la console dans les appartements des uns et des autres, des essais de business aux succès plus ou moins visibles.
Comme le tirage à 10 000 exemplaires d’un magazine, où ils proposent des encarts publicitaires avec des remises en magasin. Une réussite en demi-teinte. Mais avec leur flamme et ce nouveau carnet d’adresse, Amandine, Edouard et ses associés mettent en place une autre opération: ils distribuent gratuitement des dizaines de milliers de sets de table à des restaurants, sur lesquels sont imprimés des cartes de visite d’entreprises.
L’argent gagné leur permet d’organiser leur premier salon de l’Habitat en novembre 2008, dans la salle Jean-Carrer à Argelès-sur-Mer.« Un stress pas possible, et l’épanouissement, se rappellent-ils. C’est l’inconnu total! Par exemple, on ne sait pas qu’il faut des moquettes et des cloisons! On a 22-23 ans. 35 personnes nous font confiance. Les exposants nous donnent les contacts qui nous manquent, ils nous aident dans l’organisation. Et ça cartonne! »
5000 visiteurs se pressent à ce premier salon de l’Habitat local - qui aura lieu finalement sans moquette.
« Il y a vraiment du business qui se met en place, tout le monde rentre dans ses frais… Pour nous c’est une vraie réussite, professionnelle et personnelle », livre le couple d’entrepreneurs, joyeux à l’évocation de ce souvenir fondateur.
Cet événement leur permet d’identifier leur passion: « C’est cette notion de mettre en relation les gens directement. De créer la rencontre. »
En confiance, forts de ce succès, ils organisent un salon du bien-être pour le mois de mars suivant. Et le rêve vire au cauchemar. Des chutes de neige paralysent le département. « Un enfer. On a dû tout annuler à une semaine du salon. »
LGA Marketing met la clef sous la porte. Il faudra deux ans au couple pour rembourser leur dette fiscale.
Exit l’entreprenariat. Chacun d’eux trouve un emploi salarié. Amandine passe son CAP Petite Enfance, elle devient assistante maternelle. Edouard travaille comme saisonnier en restauration à Collioure et Argelès. Puis, il est embauché comme commercial dans un bureau de diagnostic immobilier.
« On découvre le salaire qui tombe tous les mois. La vie plus sécurisante du salarié. On rembourse nos dettes. On se remet d’aplomb. On achète une maison… » Maison qu’ils rénoveront entièrement eux-même, s’initiant à l’électricité, la plomberie… Leur premier enfant nait en 2011. « Et puis Edouard craque », rebondit Amandine avec un petit sourire.
Le challenge manque à leur vie. Tant pis pour les revenus confortables. Edouard veut retenter l’aventure de l’entreprenariat, revivre « la feuille blanche, l’adrénaline, le stress positif ». Mais cette fois, le couple se prévoit un filet de sécurité « au cas où ». Amandine assure les arrières en conservant son travail. Edouard ouvre une boîte de communication « avec capital, avocat et expert-comptable ». Crea Marketing France naît officiellement en janvier 2015. Amandine s’occupe de la gestion, Edouard du commerce. En mai 2016, ils organisent le premier salon du nautisme de la région, en marge de la foire exposition de Perpignan. Sauf qu’il faut renflouer les caisses : leur deuxième enfant arrive plus vite que prévu, Amandine doit arrêter de travailler.
C’est à ce moment que sur une idée de leur réseau, tous deux ouvrent une société de nettoyage industriel, BatiProNet. « Et là, tout s’accélère, commente le couple. Tout explose. »
BatiProNet se spécialise dans le nettoyage saisonnier, les missions s’enchaînent. Ils embauchent. Dans le même temps, Crea Marketing organise de plus en plus de salons de l’Habitat: Prades, le Boulou, Argelès, Bourg Madame…
Quand le premier confinement ferme les entreprises en France, les leurs subissent une perte d’activités « catastrophique ». Ils doivent faire face à l’annulation de tous leurs salons. BatiProNet leur permet de garder la tête hors de l’eau. Ce temps d’arrêt général leur permet de réfléchir à leurs activités. Et puis…
Jamais très loin, leur soif de challenge les conduit en mars 2021 à ouvrir une troisième entreprise spécialisée dans le ménage à domicile pour les particuliers, « Eva entretient votre habitat ». « C’est un grand virage, une nouvelle expérience en B to C, en contact direct avec les particuliers », analyse Edouard.
Ce nouveau défi leur emplit des journées déjà bien chargée. « Arriver à surmonter ses doutes, c’est ça qui est plaisant. Repousser ses limites. Bon, nos amis nous disent qu’on est des ovnis… » Le couple se regarde en rigolant. « Mais on ne peut pas rester sans rien faire, c’est comme ça. »
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