Vanessa Gendre, L’Class’Tout
Formulaire, archivage, courriers administratifs… Des tâches effrayantes, au moins rébarbatives pour beaucoup. Pas pour Vanessa Gendre : cette ancienne assistante juridique s’est reconvertie dans le secrétariat pour les particuliers et les professionnels. Spécialiste du rangement, elle arrive chez ses clients avec cette promesse : quand elle passe, ça se voit tout de suite!
Dans le monde, il y a deux catégories de personnes. Celles qui, face aux démarches administratives, ressentent un sentiment de profonde solitude, voire de panique. Et celles qui, à la vue d’un formulaire, savent E-XAC-TE-MENT quoi faire.
Vanessa Gendre fait partie de la deuxième catégorie. « Je ne réfléchis pas, pour moi c’est simple, explique cette ancienne assistante juridique. Je vois tout de suite ce qui ne va pas. Ça a toujours été comme ça. » Cette disposition au rangement et à l’ordre constitue le socle de sa micro entreprise : L’Class’Tout.
"JE PENSAIS QUE JE SAVAIS JUSTE TAPER À LA MACHINE"
Immatriculée en octobre 2019, basée à son domicile à Ortaffa, cette société est le résultat d’une série de circonstances, suivie de décisions bien menées dans la vie de Vanessa Gendre.
En février 2019, à son retour de congé maternité après la naissance très compliquée de son 2ème enfant, elle découvre avec surprise que le cabinet d’avocats dans lequel elle travaillait depuis de nombreuses années a été intégralement restructuré.
N’étant plus en phase avec sa hiérarchie, et animée par un besoin d’indépendance tout en profitant de sa famille, elle décide de donner une nouvelle direction à son existence.
Exit la profession d’assistante juridique qu’elle exerçait depuis 19 ans à un rythme effréné. « Cela faisait longtemps que je voulais ouvrir ma boîte, mais je ne savais pas dans quoi, se remémore-t-elle. Je pensais que je savais juste taper à la machine. Et puis en y réfléchissant plus sérieusement… L’idée est venue toute seule.»
Archivage, organisation administrative, rédaction de courriers aux institutions, correction de documents, mise en forme… Ses compétences, acquises pendant 19 ans dans des secrétariats de cabinets d’avocats, sont multiples. Vanessa Gendre assiste autant des particuliers que des professionnels.
PHOBIQUES ADMINISTRATIFS
Personnes âgées égarées dans leurs papiers, artisans débordés, avocats en retard d’archivage… « Je fais beaucoup les ‘phobiques administratifs’ », souligne-t-elle. L’expression, popularisée par un secrétaire d’État en délicatesse avec la justice pour ne pas avoir déclaré ses impôts, décrit une tendance partagée par beaucoup. « Il y a des gens qui se perdent sur un formulaire, qui n’arrivent pas à mettre le nez dans leurs papiers. Moi je vois tout de suite ce qu’il faut faire pour que ce soit en ordre, aligné. C’est instinctif, comme la danse ! » Autant le dire, un instinct profond chez Vanessa Gendre, qui pour la petite histoire, a failli devenir danseuse professionnelle et chorégraphe.
Elle a gardé de cette époque une propension irrépressible à danser dès qu’elle entend de la musique, peu importe les circonstances. « Je suis capable de danser devant de parfaits inconnus. Par contre, prononcer un discours, comme une fois à l’Upam, c’est vraiment intimidant ! Je bafouille, je tremble ! »
Autre anecdote à son sujet : dans la tête de cette lectrice boulimique, mijote l’idée d’écrire un livre, un polar. « Et dans ma chambre, les livres sont rangés par ordre alphabétique… »
LE POTENTIEL DU RANGEMENT
Les yeux d’azur de Vanessa Gendre pétillent quand elle confie ce détail qui révèle tant de sa personnalité. « Je me suis déjà vue arranger le bureau d’une collègue, en essayant de le faire avec diplomatie, avoue-t-elle en souriant. Le problème, c’est que la plupart des gens ne veulent pas admettre qu’ils sont désorganisés. Et ils ne voient pas le potentiel de gain de temps dans le rangement ! »
Au début de L’Class’Tout, une rentrée d’argent inattendue lui a permis d’investir dans des outils de travail : un ordinateur, un téléphone high tech, un agenda, un pédalier pour les transcriptions audio et un casque. « L’essentiel pour travailler correctement, je les ai toujours avec moi, où que j’aille », détaille l’entrepreneuse, encore émerveillée des possibilités offertes par la technologie. « Quand je ne suis pas chez moi, mon téléphone me sert de modem. C’est génial. » Ce qui lui permet de travailler autant chez elle que chez ses clients.
"J'AI GRANDI DANS UNE ENTREPRISE"
Ce quotidien, en apparence plus doux, n’est pas toujours compris par son entourage. « Les amis et la famille ne se rendent pas compte, indique, un peu dépitée, la chef d’entreprise. Ils pensent que j’ai la belle vie en travaillant de chez moi. En réalité, on est toujours un peu tendu. » Ce stress de diriger une société a longtemps retenu Vanessa Gendre de se lancer
Car si elle a embrassé la vie d'entrepreneur après une carrière de 20 ans comme salariée, c’est en toute connaissance de cause. « Mon père a été chef d’entreprise à son compte pendant 40 ans, raconte-t-elle. J’ai grandi là-dedans. À dix ans, je répondais au téléphone pour lui. Je connaissais les responsabilités, les angoisses, le temps que ça prend… Mon père mettait le pied dans son garage à 8h, il en remontait à 22h. »
Quand il décède, peu de temps après sa retraite, c’est elle qui assure la gérance de la société familiale pendant deux ans. C’est aussi à cette époque que son mari et elle décident de quitter la Seine-et-Marne où ils ont toujours vécu pour s’installer dans des Pyrénées orientales, près de la mère de Vanessa Gendre. « Je suis venue ici en vacances toute ma vie, 17 ans de camping à Argelès… Mais jamais je n’aurais pensé vivre ici un jour », s’étonne-t-elle encore, dix ans après ce changement de vie. « Mes parents avaient fait construire à Palau Del Vidre pour leur retraite, poursuit-elle. Mais mon père est décédé peu de temps après, et ma mère s’est retrouvée seule. J’ai décroché un CDI dans la région. En trois mois, c’était plié. Mon mari, qui était agent de sécurité incendie à Montparnasse, s’est reconverti : il est devenu ouvrier agricole. Il voit les montagnes depuis son tracteur maintenant. »
Chez Vanessa Gendre, pas de regret pour le passé. « Dans la vie, soit on avance à bras le corps, soit on met les freins. Mais les freins ça ne sert à rien », philosophe-t-elle. Aujourd’hui épanouie, comblée par sa liberté professionnelle, elle imagine sans difficulté évoluer vers de nouveaux horizons si une belle occasion se présentait. « Qui sait ? Toute proposition est bonne à étudier. Je pourrais tout aussi bien me retrouver en Australie dans 10 ans, allez savoir … Tout est possible. »
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